VEF Blog

Titre du blog : Versepélès
Auteur : Versepello
Date de création : 13-08-2011
 
posté le 25-03-2020 à 18:52:11

L' Ecorce Rouge Partie 1

Un narrateur intervient parfois au cours du texte, et nous suivons l'histoire d'après son témoignage, mais je n'ai pas voulu raconter l'histoire à la première personne car il y a certains éléments auxquels il ne pourrait pas avoir accès. Ses paroles sont donc introduites comme celles des autres personnages par "Le narrateur : ", mais écrites en italique. Il correspond à une voix off dans un film.
J'ai parfois conseillé une musique pour  l’ambiance de certains passages, le titre est indiqué en début de partie, mais le moment précis pour les démarrer est indiqué par une astérisque *, il faut ensuite arrêter la musique, ou bien finir de l’écouter avant de passer à la lecture de la partie suivante, car l‘ambiance peut changer. Vous n'êtes pas obligés de les écouter si vous n'en sentez pas le besoin, ou bien vous pouvez les écouter après la lecture.
La bande dessinée ne pourra pas rendre tout à fait le même effet non plus, et certains détails n'y apparaîtront peut être pas.  










                L' Ecorce Rouge
       Partie 1 






Le narrateur :
Parmi les nombreuses légendes qui circulent sur l' Ecorce Rouge, beaucoup sont contradictoires, et nombreux seront ceux qui contrediront celle ci. Mais même mes ennemis ne pourront mettre en doute ma légitimité pour raconter cette histoire.


Partie 1

Musique conseillée :  Spirits of the Wilds de Adrian Von Ziegler

La nuit, sous la pluie tombante. Les pas de course des soldats et le tintement des armures résonnaient. Plusieurs dizaines de troupes de l'infanterie impériale, vêtues de leurs armures lourdes, pointant leurs lances en avant, foulent le sol boueux en direction des portes de la ville. L'armée a pénétré la ville depuis longtemps, et le rouge des incendies éclaire la nuit noire. Les maisons en toit de chaume et les bâtiments en torchis brûlent entourés d'un fracas métallique d'entrechoquement d'épées, de boucliers, de lances, de fourches....

 

Répartis sur différents endroits de la grande place, les soldats de Belsia, peu équipés, tentent de résister et de survivre face aux soldats impériaux, protégés par leurs armures lourdes faites de grandes plaques de fer et leurs grands boucliers. Les derniers défenseurs de Belsia, peu nombreux, n'ont qu'un équipement rudimentaire, une armure légère de cuir, partiellement plaquée de métal. Parmi les mêlées se trouvent même des citoyens ou des paysans, qui tentent de défendre leur foyer, sans aucune protection, armés de leurs simples fourches, de couteaux, ou de bâtons.


Chaque homme encore debout utilise ses dernières forces pour se battre alors que les cadavres de leurs camarades ou de leur famille jonchent le sol inondé par le mélange de pluie et de sang.  
La grande place de la ville était couverte de guerriers en effervescence, et le sol était couvert de corps inanimés. Des soldats de Belsia morts étendus, des épées éparpillées, les cadavres de femmes, tuées par les lances impériales, ou piétinées par les chevaux en tentant de protéger leurs enfants, d'autres corps de citoyens appuyés contre les murs, étendus à l'entrée de leurs maisons grandes ouvertes, entassés sur des débris de toute sorte, de jeunes enfants étendus à terre éventrés...

Tel était l'endroit où les habitants de Belsia tentaient encore de survivre, devinant leur avenir proche, face au rouleau compresseur de l'armée impériale, organisée, bardée de fer, pour laquelle dix soldats arrivaient en renfort lorsqu'un seul d'entre eux était abattu avec difficulté.


Un groupe d'une dizaine de guerriers de Belsia tentèrent encore une attaque de mêlée, mais furent contenus sans efforts, les plus audacieux d'entre eux transpercés par le fer des lances de leurs ennemis impassibles. Lorsque les guerriers et les paysans s'alliaient en nombre supérieur contre les soldats impériaux, leurs courtes épées et leurs bouts de bois ne pouvaient atteindre ces ennemis formant un mur infranchissable, retranchés derrière leurs rangs de boucliers. L'ennemi attendait que les hommes de Belsia s'épuisent  pour ouvrir la garde, et les pourfendre d'un geste simple, presque mécanique, comme le voyageur taille les brindilles de la forêt pour continuer sa route.

 

Au milieu des combats, une troupe d'infanterie impériale, immobile, composée d'hommes massifs, encerclait un petit groupe de Belsia bien armé. Ils faisaient partie des rares paysans à être équipés d'armures et d'épées. A leurs pieds se trouvaient les cadavres de trois soldats impériaux. Et même si quatre d'entre eux gisaient déjà au sol, les trois derniers se tenaient dos à dos, les pieds baignant dans le sang de leurs camarades étendus, prêt à continuer.

L'homme situé au centre, un homme de la quarantaine, pas particulièrement grand ou particulièrement musclé, mais il était fermement placé en position de combat, ses mèches de cheveux châtains retombant sur son front laissaient voir ses grands yeux clairs expressifs, son regard était déterminé, malgré l'épuisement. Sa cuirasse portait peu de marques d'impact, et le sang qui recouvrait ses bras et sa lame n'était pas le sien.

A sa droite, son camarade du même âge, un peu plus grand, les cheveux longs, se tenait lui aussi prêt à affronter la mort, son visage marqué de balafres indiquait qu'il avait vécu, et son regard de meurtrier aurait suffit à stopper la plupart des assaillants, dans un autre contexte. Le troisième à gauche était un jeune homme, à la posture incertaine, au regard noyé par la peur. Alors que ses jambes tremblaient, il commençait à lâcher son épée comme si le désespoir envahissait son corps. l'homme au centre le regarda du coin de l'oeil sans tourner la tête et s'adressa à lui :

 -Serre bien ton arme...

Le jeune homme tremblant tourna légèrement la tête pour écouter les conseils de son ainé, qui poursuivait :
- Les récits rapporteront que les hommes de Belsia sont morts le visage face à l'ennemi.
Un sourire lui vint pour terminer sa phrase, mais c'était le sourire du désespoir.
Le jeune homme raffermit sa poigne sur son épée en même temps que son regard s'enhardit un peu plus.
Il n'eut pas le temps de bloquer le coup d'épée qui vint l'atteindre à la verticale et qui le tua sur le coup.
L'homme au centre tourna brièvement la tête en direction de son compagnon qui venait de mourir si jeune, mais n'eu pas le temps de s'attendrir puisque son dernier camarade à sa gauche venait de se faire tuer lui aussi, et était étendu sur le sol.
Il était maintenant seul encerclé par un groupe d'hoplites impériaux aux armures lourdes. Mais son regard, visible à travers ses mèches de cheveux, ne faiblissait pas.    

 

Un cavalier arriva et se plaça derrière la troupe impériale, toisant le dernier survivant du groupe du haut de son cheval.
C'était un officier supérieur, reconnaissable à son casque à crête rouge, son armure finement décorée et surmontée d'une cape. Droit sur sa monture, son visage ne trahissait aucune émotion si ce n'est la fierté et la détermination, il s'adressa à l'homme de Belsia :
- Tu t'es bien battu paysan mais la bataille est terminée.
L'homme résigné à mourir, mais toujours avec la même force dans les yeux lui répondit :
-Les anciens dieux vous renverseront toi et ton empire.
-Tes dieux sont morts, tout comme ta civilisation, lui lança froidement l'officier.    

 

L'homme de Belsia changea alors sa garde et arma son épée derrière lui, les pieds bien ancrés dans le sol. S'il devait mourir il avait bien l'intention d'en emmener au moins un dans l'autre monde avec lui, dans un dernier élan.
Avec toute la vivacité qui lui restait, il tailla à l'oblique pour viser le cou d'un des adversaires. Les fantassins qui l'encerclaient attaquèrent simultanément et l'homme fut transpercé de toute part par les lances. L'élan des coups simultanés fit brièvement chanceler son corps de part et d'autre, et lui fit relever la tête vers le ciel brusquement. Même au moment de sa mort, son regard était toujours empli de force, une force résonnant jusqu'au ciel.




La capitale de l' Empire était d' une taille et d'une richesse inégalée sur tout le continent. Chef-lieu de la modernité, elle abritait des édifices grandioses, dont le palais impérial. Ses colonnes de pierres s'élevaient à plusieurs dizaines de mètres, et son escalier central avait la largeur des plus grandes maisons.
Ces escaliers menaient à la première terrasse, sur laquelle les dirigeants politiques et les chefs militaires célébraient leurs victoires, et recevaient l'ovation de l'immense foule agglutinée au pied des marches.


Le narrateur :
-La province de Belsia venait de tomber. Notre civilisation n'était plus qu'un vestige, notre identité, un vague souvenir.

 

Après chaque bataille, l' Empire enchaînait les survivants, hommes, femmes et enfants, et les utilisaient comme de la marchandise.

 

Le narrateur :
-Nous avions le désavantage du nombre, ils avaient l'avantage de la technologie.
Ce fut le début d'une ère de résignation pour Belsia.

A plusieurs kilomètre de la capitale de Belsia, dans une des régions de campagnes qui n'avait pas été touchée directement par les batailles, un village vivait encore dans une paix apparente malgré l'occupation.
*
Ce village était entouré de forêts, traversé par une petite route qui, à la sortie du village montait légèrement, pour conduire à une ville, dont on apercevait les remparts à l'horizon.
En sortie de forêt, on apercevait les premières maisons des paysans, faîtes de bois et de toits de chaume. Le village était éclairé par le soleil de la fin de l'été, les habitants s'affairent calmement à leurs travaux agricoles.

 

Le narrateur :  A cette époque, je n'étais encore qu'un jeune paysan, et je rêvais de devenir un héros.