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Titre du blog : Versepélès
Auteur : Versepello
Date de création : 13-08-2011
 
posté le 25-03-2020 à 19:00:16

L' Ecorce Rouge Partie 2

 

 

 L' Ecorce Rouge Partie 2

 

 

musique conseillée : Ode to the Fallen de Adrian Von Ziegler

 

 

 

Un après midi, les feuilles orangées d'automnes tombaient et recouvraient le sol de la forêt. Le brouillard qui persistait depuis le matin ne permettait pas de distinguer clairement la silhouette qui avançait sur le sentier à travers les arbres.
Une jeune femme se promenait dans la forêt brumeuse, sur ce chemin qu'elle connaissait bien, portant un panier au bras.
Elle portait une robe longue comme toutes les paysannes, le foulard qu'elle portait pour le travail laissait dépasser les boucles blondes de ses cheveux. Ils étaient de la blondeur la plus claire qui existe. Ses yeux bleus clairs révélaient une douceur, une grande sensibilité et un brin de naïveté, mais aussi un charme envoûtant presque surnaturel. Elle avait encore des traits juvéniles, et tout dans son visage était harmonieux, ce qui faisait oublier sa tenue simple de fille de la campagne.

 

Elle se promenait tranquillement, seule et en silence, à l'entrée de la forêt, sa longue robe flottait parmi les feuilles orangées qui recouvraient le sol. Au dessus d'elle, elle aperçu un écureuil courir sur une branche d'arbre, elle connaissait l'animal et le voir lui décrocha un léger sourire.


Alors qu'elle avançait en continuant de le regarder, l'écureuil stoppa sa course soudainement. Il fit marche arrière et sauta de la branche pour atterrir sur son épaule, se cachant en partie derrière sa tête, et regardant fixement dans la direction vers laquelle il se dirigeait, apeuré par quelque chose devant. La jeune femme regarda autour d'elle et eu un sursaut. A quelques mètres d'elle se trouvait un loup, allongé dans les feuilles mortes, immobile, mais sa tête était relevée, et il regardait fixement dans sa direction. Il était blanc, mais sur le coup, le mot qui serait venu à l'esprit de la jeune femme était "luisant", elle avait l'impression qu'il brillait légèrement dans la brume, il semblait presque immatériel.


Le loup ne bougeait pas, il avait une expression paisible, mais il regardait la jeune femme intensément, d'un air souverain, sans la quitter des yeux. Elle même était surprise et figée par cette vision, par ce loup qui ne fuyait pas et par cette lueur étrange qu'il semblait dégager. Tout s'était arrêté dans sa tête, elle cherchait à comprendre et ne parvenait pas à bouger.

 

 

 


 

 

 


 

Au village, la journée de travail se terminait. Les paysans étaient rentrés chez eux et rangeaient leur matériel. Un jeune homme situé à l'entrée prêt de la forêt essuyait la sueur sur son front, et mit sa fourche par dessus son épaule prêt à retrouver la maison familiale. Le jeune homme d'environ 17 ans était de stature moyenne, et ses mèches de cheveux châtains retombant sur son front laissaient voir ses grands yeux expressifs, son regard à la fois jovial et plein de fougue. Les mêmes yeux que son père, lui disait-on souvent.

 

Le jeune homme jeta un oeil vers les arbres légèrement cachés par la brume, et aperçu une silhouette courir vers lui, accompagnée d'un petit animal qui courait à ses pieds. Il reconnu sa cousine Freiya et l'écureuil qui l'accompagnait souvent.
Sa cousine l'appela en continuant à courir vers lui :
-Baren !
-Freiya !? Qu'est ce qui t'arrive !?
Freiya, essoufflée, l'avait rattrapé, et avec un sourire de soulagement lui dit :
- Rien de spécial, je voulais que tu m’attendes.
-Inutile de courir comme ça, lui fit-il remarquer avec un sourire étonné et interrogateur.
Freiya changea de sujet :
- Ma famille est invitée chez toi ce soir, on rentre ensemble ? 
Baren, prit un air ironique de dégoût :    
- C’est ça qui t’enthousiasme ? Manger avec le vieux…       
Baren et Freiya côte à côte s’éloignèrent vers l’intérieur du village, face au soleil de la fin d'après midi qui commence à décliner doucement.
Il ne put s'empêcher de lui demander :
-Ça va ? Tu es toute pâle. On dirait que tu as eu peur de quelques chose.
Freiya, préférant ne pas en parler d'avantage :
-Mais non ! tout va bien.

 

 

 

 


Le soir, les deux familles étaient réunies dans la maison de la famille de Baren, vers le centre du village. De la fumée sortait de la cheminée.
A l' intérieur de la maison, autour de la grande table en bois se trouvait Freiya, son père, sa mère, son petit frère, sa petite sœur, Baren, sa mère, et le druide.

 


Près de la table se trouvait un feu chauffant une grande marmite suspendue par des chaînes jusqu'au plafond, à l'emplacement où se trouvait la cheminée.
Le repas bien entamé, après diverses politesses, le père de Freiya, un homme mince de petite taille, au regard inquiet, entra dans le vif du sujet :
-Nous souhaitions te consulter druide, nous sommes inquiets pour nos terres et pour l’avenir de nos enfants.
Le druide était un homme d'environ soixante-dix ans, le soin qu'il portait à sa barbe blanche bien taillée contrastait avec son visage creusé et marqué par les cernes.
Il répondit sur un ton solennel :
-L’empire Arkénien est un grand empire, à l’influence grandissante, face à lui notre humble province a du courber l’échine.
Chaque membre de la famille écoutait le druide parler, sans l'interrompre :
-Nous avons perdu la guerre, mais à présent que nous faisons partie de cet empire, nous avons peut être gagné un avenir radieux, fait de richesses, de confort, de prospérité.
Baren, le seul ayant le visage plongé dans son assiette, pensa :
-Le vieux et ses discours…

 

Le druide poursuivait, avec un sourire aux lèvres, mais ce sourire n'était pas sincère, c'était celui d'un politicien, ou d'un commerçant véreux, qui cherche à bien paraître pour convaincre :
- Notre culture et nos traditions sont désuètes et vieillissantes, mais peut être que de jeunes garçons et de jeunes filles auront des opportunités qui étaient impensables pour les générations précédentes.  Freiya et Baren regardèrent le druide, de leurs yeux ébahis par ses paroles qu’il leur adressait :  
- L’avenir s’ouvre pour les jeunes générations, peut être pourrez vous bientôt œuvrer pour la grandeur et la magnificence de l’empire Arkénien.

 

 

 

 

Le père de Freiya, pensif, s'adressa au druide :
-Les arkéniens nous considéreraient comme ses citoyens et non comme des esclaves, ce serait une chance…
La mère de Freiya, enthousiaste, mais sur un ton stricte, ajouta :
- Notre fille une fois mariée pourrait s'installer dans la capitale, y élever ses enfants. Il lui faut épouser quelqu'un de bonne relation, c'est le seul moyen pour qu'elle soit en sécurité.
Freiya, à la fois pensive et inquiète, grimaçant et fronçant les sourcils, reprit sa mère :
-Vivre en ville ?…
Sa mère lui répondit :
-Tu es en âge de prendre un mari, le jeune Alvin par exemple, son père entretient de très bonnes relations avec de hauts fonctionnaires impériaux, ton avenir serait assuré.
Freiya prit un air déçu en pensant à ce jeune homme qui ne l’attirait absolument pas.

 

Pendant ce bref silence, une voix s’éleva, et tout le monde se tourna vers cette voix qui ne s'était pas encore exprimée :
- Pardonnez moi de gâcher vos petits projets mais … Je n’ai aucune envie de participer à ce « grand empire radieux ».
Baren venait de parler, avec son tact habituel, la tête baissée vers son assiette, il semblait avoir de plus en plus de mal à se contenir, son bras tremblait d’agacement :   
-Je n’ai aucune envie de m’associer à ceux qui ont tué mon père, qui nous donnent des ordres dans notre pays, et qui prennent des enfants pour en faire leurs valets… »
La mère de Baren, une femme brune et mince d'une quarantaine d'année, se trouva gênée par son fils et tenta de le reprendre en tapant sur la table :
- Baren ! Qu’est-ce qui te permet de… Qui t'a donné la parole ? !
Le druide le reprit calmement, mais sans parvenir à dissimuler un certain mépris :
-Jeune homme, il ne faut jamais être présomptueux et s’attaquer à plus fort que soit, c’est cela qui a malheureusement tué ton père.
Baren et sa mère observent le druide, silencieux. Baren avec un regard empli de colère, et sa mère dans un  mélange de tristesse, de surprise, et de compassion pour son fils.
Elle s'adressa à lui et ajouta :
- Cesse de te faire remarquer ! Pense à ton travail, soit docile et il ne t’arrivera rien !
Puis, ne lui laissant pas le temps de répondre, le druide renchérit : 
- Entretenir les conflits n’est jamais la solution mon enfant.
Le père de Freiya, avec son regard inquiet et quelques sueurs froides :
-C’est vrai, si tu encourages la rébellion tu vas tous nous faire assassiner.
La mère de Baren :
-Nous avons déjà perdu ton père ! Tu veux mourir jeune toi aussi !?
Alors, Baren, à bout, se leva :
-Vous avez toujours refusé de vous battre ! Vous préférez devenir les larbins d'une armée étrangère?
Baren ouvrit brusquement la porte et sortit de la maison :
-Ce sera sans moi ! Mon seul rêve est de voir la capitale impériale brûler en cendre.
Une fois la porte claquée, Baren parti, et le silence revenu, mais l'ambiance refroidie, la mère de Baren tenta de s'excuser auprès du druide :
-Pardonnez à mon fils... si impulsif, et la mort de son père l’affecte beaucoup…
La mère de Freiya en profita pour glisser sèchement :
-Cet enfant est bien mal élevé...

 

 *

Plus tard, au dehors, Baren et Freiya se retrouvaient ensemble à la tombée la nuit. Assis côte à côte sur un tas de ballots de paille. L'écureuil dormait à point fermés par terre un peu plus loin.
Freiya :  
-Il ne faut pas leur en vouloir, ils ont surtout peur qu’il t’arrive malheur. Ils disent tous ça pour notre bien…
Baren :
-J’en ai marre qu’on décide de « mon bien » à ma place…Il ne comprennent jamais rien… Le malheur est déjà là de toute façon. Il ne peut rien arriver de pire. Freiya, je suis sur que tu me comprends, nous avons grandis ensemble ici, je suis chez moi, et personne n'a le droit de me donner d'ordre chez moi. Voir mes amis et ma famille mourir, voir les autres baisser la tête et gratter avec leur bêche comme si de rien n'était... Ça je ne peux pas.

 

 

 

 

Baren sourit en serrant le poing :
- Si un soldat impérial s’approche de toi ou de ma maison, il aura affaire à moi.
Freiya :
- pfff Tu veux te battre tout seul contre une armée ? Tu te feras tuer…
Baren regarda alors vers le ciel, et il semblait à la fois envahi par la mélancolie et porté par ses rêves :
-Non, j’accomplis mon destin.
Freiya observe Baren, cette dernière phrase l'attrista, sans qu'elle sache clairement pourquoi, mais il lui sembla que Baren était vraiment décidé à partir loin sans se retourner, il était décidé à mourir.
Baren reprit la conversation :
-Tu crois que je vais moisir ici à élever les cochons ? Je vais m’entraîner au combat, rejoindre un groupe de résistants, et nous détruirons l’empire arkénien ! Les prochaines générations conteront l’histoire de mes exploits militaires !
Freiya :
-Arrête ton délire… tu ne pourras jamais faire ça, tu dis ça juste pour provoquer.
Baren ria :
-Toi pendant ce temps, tu vas épouser ce cher Alvin, c’est pour « ton bien » hahaha !
Freiya lui frappa le dos avec son poing fermé :
-Hey ! Tais toi ! Je n’ai pas du tout envie de me marier avec lui !
Son mouvement brusque l'avait déséquilibrée, et surprise, elle tenta de s'accrocher à Baren pour ne pas tomber du ballot de paille. Baren fut tiré en arrière et les deux tombèrent à la renverse.
Se retrouvant assis par terre en même temps, ils finirent par rire ensemble.